Vie de notre saint Père Jean Cassien
Saint Jean Cassien, vénéré aussi sous le nom de Cassien le Romain, naquit vers 360, en Scythie, dans la région des bouches du Danube (l'actuelle Dobrudja en Roumanie), dans une famille romanisée. Il y reçut une éducation soignée.
Vers l'âge de 20 ans, avec Germain, son ami d'enfance et compatriote, qui l'accompagna une grande partie de sa vie, il se rendit en Palestine et devint moine dans le monastère de Bethléem.
La haute réputation de sainteté qu'avaient les moines solitaires d'Égypte les engagea, vers 390, à aller les visiter. Ils restèrent plusieurs années au désert de Scété, fondé par saint Macaire, allant nu-pieds comme les moines du pays, pauvrement vêtus et n'ayant pour subsister que le travail de leurs mains. Ils y furent initiés à la vie contemplative et au combat ascétique contre les passions et recueillirent tout l'enseignement des pères du désert au contact du saint Abbé Moïse, de saint Paphnuce et d'autres pères renommés.
Vers 402, à la suite des controverses origénistes, ils se rendirent tous deux à Constantinople et se mirent sous la direction spirituelle du grand et saint Archevêque Jean Chrysostome. Cassien fut ordonné diacre par lui et employé au service de l'Église de cette ville.
Peu de temps après, St Jean Chrysostome ayant été exilé, Cassien et Germain allèrent à Rome, accompagnés de l'Évêque Pallade, afin de transmettre au Pape Innocent 1er des lettres du Clergé de Constantinople, lui demandant de prendre la défense de leur pasteur injustement déposé. Cassien passa une dizaine d'années à Rome et fut élevé au sacerdoce. Il devint l'ami et le conseiller de sain Léon le Grand, alors archidiacre, futur pape de Rome.
Puis, vers 413, il se retira à Marseille, en Gaule, où il fonda pour les hommes le monastère de Saint-Victor (sur le tombeau du saint martyrisé au IIIe siècle) et pour les jeunes filles, celui du Saint-Sauveur.
En ascète éprouvé et en père plein de discernement pastoral, Jean Cassien aménagea, pour ses nombreux moines et moniales, l'authentique tradition qu'il avait reçue et expérimentée en Orient, tenant compte des conditions propres à la Gaule, de son climat et du caractère de ses habitants.
Il rédigea plusieurs ouvrages dans un style clair et persuasif :
- le livre de l'Incarnation, contre Nestorius, écrit à la demande de Léon le Grand.
- les Institutions Cénobitiques, en 12 livres. Dans les quatre premiers livres, il décrit la manière de vivre des moines d'Égypte, l'austérité de leur mise vestimentaire, de leur nourriture et de leurs exercices ascétiques. Mais Jean Cassien en modère la rigueur pour l'adapter à la vie des moines gaulois, car les austérités extraordinaires des moines orientaux n'étaient pas praticables en Occident. Il traite dans les huit derniers livres des huit passions fondamentales, en indique les remèdes et explique les vertus à leur opposer.
- les Conférences, dans lesquelles il expose, à l'intention des ermites qui vivaient en Provence et notamment à Lérins, les étapes supérieures du combat pour la pureté du cœur et la contemplation.
Notre saint Père Jean Cassien mourut en paix vers 435. Ses précieuses reliques sont gardées jusqu'à nos jours à l'Abbaye Saint-Victor de Marseille. Sa mémoire est honorée par l'Église locale le 23 juillet et par l'Église Orthodoxe le 29 février.
Saint Jean Cassien a donc joué un rôle important pour la communication entre l'Orient et l'Occident. Il a été un artisan de l'unité du monde chrétien, un témoin de la foi orthodoxe confessé et vécue par tous, partout et en tout temps.
Intégré plus tard dans le Règle de saint Benoît, son œuvre est à la base de toute la tradition monastique d'Occident.